De Daniel Thaly à Morgane R. en passant par Aimé Césaire
Lilian est encore revenu de l'école avec une poésie assez longue à apprendre, mais vraiment très jolie. C'est une poésie écrite par un poète Antillais. J'aime beaucoup !!!!
L'île lointaine
Je suis né dans une île amoureuse du vent
Où l'air a des senteurs de sucre et de vanille
Et que berce au soleil du tropique mouvant
Le flot tiède et bleu de la mer des Antilles.
Sous les brises, au chant des arbres familiers,
J'ai vu des horizons où planent des frégates
Et respiré l'encens sauvage des halliers
Dans ses forêts pleines de fleurs et d'aromates.
Cent fois je suis monté sur ses mornes en feu
Pour voir à l'infini la mer splendide et nue
Ainsi qu'un grand désert mouvant de sable bleu
Border la perspective immense de la vue.
À l'heure où sur ses pics s'allument les boucans,
Un hibou miaulait au cœur de la montagne
Et j'écoutais, pensif, au pied des noirs volcans
L'oiseau que la chanson de la nuit accompagne.
Contre ces souvenirs en vain je me défends.
Je me souviens des airs que les femmes créoles
Disent au crépuscule à leurs petits enfants,
Car ma mère autrefois m'en apprit les paroles.
Et c'est pourquoi toujours mes rêves reviendront
Vers ces plages en feu ceintes de coquillages,
Vers les arbres heureux qui parfument ses monts
Dans le balancement des fleurs et des feuillages.
Et c'est pourquoi du temps des hivers lamentables
Où des orgues jouaient au fond des vieilles cours,
Dans les jardins de France où meurent les érables
J'ai chanté ses forêts qui verdissent toujours.
Ô charme d'évoquer sous le ciel de Paris
Le souvenir pieux d'une enfance sereine,
Et, dans un Luxembourg aux parterres flétris,
De respirer l'odeur d'une Antille lointaine !
Ô charme d'aborder en rêve au sol natal
Où pleure la chanson des longs filaos tristes,
Et de revoir au fond du soir occidental
Flotter la lune rose au faîte des palmistes.
* Daniel Thaly (1879-1950)
Je profite de cet article pour souligner que cette semaine, un peu partout dans l'île, des manifestations, et des hommages sont rendus à Aimé Césaire, célèbre poète Martiniquais, mais aussi ancien maire de Fort-de France (de 1945 à 1993), décédé il y a exactement 2 ans.
Voici un poème de Aimé Césaire
Ecoutez le monde blanc
horriblement las de son effort immense
ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique
écoute ses victoires proditoires trompeter ses défaites
écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !
En voici un autre :
LA ROUE
La roue est la plus belle découverte de l'homme et la seule
il y a le soleil qui tourne
il y a la terre qui tourne
il y a ton visage qui tourne sur l'essieu de ton cou quand
tu pleures
mais vous minutes n 'enroulerez-vous pas sur la bobine à
vivre le sang lapé
l'art de souffrir aiguisé comme des moignons d'arbre par les
couteaux de l'hiver
la biche saoule de ne pas boire
qui me pose sur la margelle inattendue ton
visage de goélette démâtée
ton visage
comme un village endormi au fond d'un lac
et qui renaît au jour de l'herbe et de l'année
germe
Du coup, ce matin, au collège, les professeurs ont distribué une feuille avec des poèmes de Aimé Césaire à tous les élèves du collège. Et ensuite, on leur a demandé d'écrire un poème "à la façon de Aimé Césaire"..... Pas simple, me direz-vous? Et vous aurez bien raison. Voici le poème que Morgane a composé, et qui lui a valu les félicitations de l'une de ses profs :
Un oiseau pas ordinaire
Dans le ciel, un oiseau vole
Je regarde par dessus mon épaule,
Cet oiseau si beau,
Qui semble ouvrir les portes du paradis éternel
*
Je vois l'oiseau monter,
L'éternel, l'invulnérable, le magnifique.
*
Je regarde par dessus mon épaule,
Cet oiseau si beau,
Qui prend son envol à fleur d'eau.
*
Et je vois l'oiseau monter,
Si beau, si léger, si coloré.
Très joli poème de ma jolie Morgane !!!! La maman est fièèèèèèèèèèèèèèèère !!!!!!! Je trouve qu'elle s'en est très bien sortie...