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Ma vie en Martinique
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2 février 2013

Littérature Antillaise - 4ème partie

Edouard Glissant

glissant

 

Biographie

Édouard Glissant, né le 21 septembre 1928 à Sainte-Marie en Martinique et mort à Paris le 3 février 2011, est un écrivain, poète et essayiste français.
Fondateur des concepts d'« antillanité », de « créolisation » et de « tout-monde », il était « Distinguished Professor » en littérature française, à l'université de la Ville de New York et président de la mission de préfiguration d'un Centre français consacré à la traite, à l'esclavage et à leurs abolitions.

Édouard Glissant étudie au lycée Victor Schœlcher de Fort-de-France. Il quitte la Martinique pour Paris en 1946 afin d'étudier l'ethnographie au Musée de l'Homme, mais aussi l'histoire et la philosophie à la Sorbonne2.

Il fonde, accompagné de Paul Niger, en 1961 le Front antillo-guyanais d'obédience indépendantiste, puis autonomiste, ce qui lui vaut d'être expulsé de la Guadeloupe et assigné à résidence en France métropolitaine. Il est interdit de séjour dans son île natale pour « séparatisme » de 1959 à 1965.

Certains de ses ouvrages, tel le Discours antillais, restent très marqués par son engagement anticolonialiste.
Il revient en Martinique en 1965 et y fonde l’Institut martiniquais d'études, ainsi qu’Acoma, un périodique en sciences humaines.

Il devient de 1982 à 1988, le directeur du Courrier de l'Unesco.


En 1989, il est nommé « Distinguished University Professor » de l'Université d'État de Louisiane (LSU), où il dirige le Centre d'études françaises et francophones. Il vit ensuite à New York où, à partir de 1995, il est « Distinguished Professor » en littérature française, à la City University of New York.

En janvier 2006, Édouard Glissant se voit confier par le président Jacques Chirac la présidence d'une mission en vue de la création d’un Centre national consacré à la traite et à l’esclavage. Il prend position contre la création d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale et condamne la politique d'immigration menée depuis l'élection du président Nicolas Sarkozy. De cet engagement politique et poétique naîtra un court manifeste, Quand les murs tombent, l'identité nationale hors la loi ?, rédigé avec Patrick Chamoiseau.

En 2007, il crée avec le soutien du conseil régional d'Île-de-France et du ministère de l’Outre-Mer, l'Institut du Tout-Monde. Cet institut a pour objectif de faire avancer la pratique culturelle et sociale des créolisations. Il favorise la connaissance de l’imaginaire des peuples dans leur diversité. A l’écoute des mélodies du monde, il accompagne, à travers la multiplicité des langues, la pluralité des expressions artistiques, des formes de pensée et des modes de vie.
Au monde qui se replie sous la loi de l’unicité et de l’esprit de système l’Institut du Tout-Monde oppose les identités en mouvement. À la fois site d’études et de recherches, espace d’invention et de formation, lieu de rencontres, il est dédié aux mémoires des peuples et des lieux du monde.5
Le 3 février 2011, il s'éteint à l'âge de 82 ans à Paris.


L'écrivain

Dans un premier temps, il adhère aux thèses de la négritude avant d'en dénoncer les limites. Il développe alors le concept d’antillanité qui cherche à enraciner l'identité des Caraïbes fermement dans « l'Autre Amérique » en rupture avec les travaux d'Aimé Césaire, pour qui l'Afrique est la principale source d'identification pour les caribéens. Cette antillanité serait fondée sur la notion d'« identité multiple », ou d'« identité rhizome », ouverte sur le monde et la mise en relation des cultures.

Il propose également le concept de créolisation qu'il définit comme le « métissage qui produit de l'imprévisible » et qui est pour lui le « mouvement perpétuel d'interpénétrabilité culturelle et linguistique »6 qui accompagne la mondialisation culturelle. Cette mondialisation met en relation des éléments culturels éloignés et hétérogènes, avec des résultantes imprévisibles.
Ses réflexions sur l’identité antillaise ont inspiré une génération de jeunes écrivains antillais qui formera le mouvement de la créolité, dont Patrick Chamoiseau, Ernest Pépin ou encore Raphaël Confiant.

Ses travaux plus récents s'articulent autour du concept de tout-monde et interroge l'universalité. Écrivain militant, il cherche à définir une approche poétique et identitaire pour la survie des peuples au sein de la mondialisation au travers de concept comme la « mondialité » en opposition à la mondialisation économiste ou d'identité-relation contre l'affirmation des identités-racines qui génère d'innombrables conflits à travers le monde.

 

Ses oeuvres

Essais

* Soleil de la conscience. (1956) (Poétique I) Nouvelle édition, Paris: Gallimard,
* Le Discours antillais. (1981) Paris: Gallimard, 1997 (texte remanié de sa thèse de doctorat).
* Poétique de la relation. (Poétique III) Paris: Gallimard, 1990.
* Discours de Glendon Suivi d'une bibliographie des écrits d'Edouard Glissant établie par Alain Baudot. Toronto: Ed. du GREF, 1990.
* Introduction à une poétique du divers. (1995) Paris: Gallimard, 1996.
* Faulkner, Mississippi'. Paris: Stock, 1996; Paris: Gallimard (folio), 1998.
* Traité du Tout-Monde. (Poétique IV) Paris: Gallimard, 1997.
* La Cohée du Lamentin. (Poétique V) Paris: Gallimard, 2005.
* Une nouvelle région du monde. (Esthétique I) Paris: Gallimard, 2006.
* Mémoires des esclavages (avec un avant-propos de Dominique de Villepin). Paris: Gallimard, 2007.
* Quand les murs tombent. L'identité nationale hors-la-loi ? (avec Patrick Chamoiseau). Paris: Galaade, 2007.
* La Terre magnétique : les errances de Rapa Nui, l'île de Pâques (avec Sylvie Séma). Paris: Seuil, 2007.
* Miquel Barceló, Collection Lambert, 2007 (ISBN 978-2913893122).
* L'intraitable beauté du monde. Adresse à Barack Obama (avec Patrick Chamoiseau). Paris: Galaade, 2009.
* Philosophie de la relation Paris: Gallimard, 2009.

Poésies

* La Terre inquiète. Lithographies de Wilfredo Lam. Paris: Éditions du Dragon, 1955.
* Le Sel Noir. Paris: Seuil, 1960.
* Les Indes, un champ d'îles, La Terre inquiète. Paris: Seuil, 1965.
* L'Intention poétique. (1969) (Poétique II) Nouvelle édition, Paris: Gallimard, 1997.
* Boises; histoire naturelle d'une aridité. Fort-de-France: Acoma, 1979.
* Le Sel noir; Le Sang rivé; Boises. Paris: Gallimard, 1983.
* Pays rêvé, pays réel. Paris: Seuil, 1985.
* Fastes. Toronto: Ed. du GREF, 1991.
* Poèmes complets. (Le Sang rivé; Un Champ d'îles; La Terre inquiète; Les Indes; Le Sel noir; Boises; Pays rêvé, pays réel; Fastes; Les Grands chaos). Paris: Gallimard, 1994.
* Le Monde incréé: Conte de ce que fut la Tragédie d'Askia; Parabole d'un Moulin de Martinique; La * * Folie Célat., Paris: Gallimard, 2000.
* La Terre le feu l’eau et les vents : une anthologie de la poésie du Tout-monde., Paris: Galaade, 2010.

Romans

* La Lézarde (1958) Nouvelle édition, Paris: Gallimard, 1997; Port-au-Prince: Presses Nationales d'Haïti, 2007.
* Le Quatrième Siècle. (1964) Paris: Gallimard, 1997.
* Malemort. (1975). Nouvelle édition, Paris: Gallimard, 1997.
* La Case du commandeur. (1981) Nouvelle édition, Paris: Gallimard, 1997.
* Mahagony. (1987) Nouvelle édition, Paris: Gallimard, 1997.
* Tout-Monde. Paris: Gallimard, 1995.
* Sartorius: le roman des Batoutos. Paris: Gallimard, 1999.
* Ormerod. Paris: Gallimard, 2003.

Poème : Un champ d'îles

Savoir ce qui dans vos yeux berce
Une baie de ciel un oiseau
La mer, une caresse dévolue
Le soleil ici revenu

Beauté de l'espace ou otage
De l'avenir tentaculaire
Toute parole s'y confond
Avec le silence des Eaux

Beauté des temps pour un mirage
Le temps qui demeure est d'attente
Le temps qui vole est un cyclone
Où c'est la route éparpillée

L'après-midi s'est voilé
De lianes d'emphase et fureur
Glacée, de volcans amenés
Par la main à côté des sables

Le soir à son tour germera
Dans le pays de la douleur
Une main qui fuse le Soir
À son tour doucement tombera

Beauté d'attente Beauté des vagues
L'attente est presque un beaupré
Enlacé d'ailes et de vents
Comme un fouillis sur la berge

Chaque mot vient sans qu'on fasse
À peine bouger l'horizon
Le paysage est un tamis soudain
De mots poussés sous la lune

Savoir ce qui sur vos cheveux
Hagard étrenne ses attelages
Et le sel vient-il de la mer
Ou de cette voix qui circule

Abandonnés les tournoiements
D'aventure sur les tambours
L'assaut du sang dans les plaines
Son écume sur les Hauts

Abandonné le puits de souffrance
La souffrance au large du ciel emporte
Dans la foule des fromagers
Sa meute de mots et sa proie

Abandonnée tarie la mesure
Démesure des coutelas
Cette musique est au coeur
Comme un hameau de lassitude

Beauté plus rare que dans l'île
Ton grand chemin des hébétudes
Va-t-il enfouir son regard
Dans la terre, humide douce

Les hommes sortent de la terre
Avec leurs visages trop forts
Et l'appétit de leurs regards
Sur la voilure des clairières

Les femmes marchent devant eux
L'île toute est bientôt femme
Apitoyée sur elle-même mais crispant
Son désespoir dans son coeur nu

Et parmi les chants de midi
Ravinés de sueurs triomphales
Sur un cheval vient à passer
La morte demain la Pitié

L'île entière est une pitié
Qui sur soi-même se suicide
Dans cet amas d'argiles ruées
Ô la terre avance ses vierges

Apitoyée cette île et pitoyable
Elle vit de mots dérivés
Comme un halo de naufragés
À la rencontre des rochers

Elle a besoin de mots qui durent
Et font le ciel et l'horizon
Plus brouillés que les yeux de femmes
Plus nets que regards d'homme seul

Ce sont les mots de la Mesure
Et le tambour à peine tu
Au tréfonds désormais remue
Son attente d'autres rivages

L'après-midi le Soir les masures
Le poing calé dans le bois dur
La main qui fleurit la douleur
La main qui leva l'horizon

Sur vos chemins quelle chanson
A pu défendre la clarté
Sur vos yeux que l'amour brûla
Quelle terre s'est déposée

Outre mer est la chasteté
Des incendiaires dans les livres
Mais le feu dans le réel et le jour
C'est ce courage des vivants

Ils font l'oiseau ils font l'écume
Et la maison des laves parfois
Ils font la richesse des douves
Et la récolte du passé

Ils obéissent à leurs mains
Fabriquant des échos sans nombre
Et le ciel et sa pureté fuient
Cette pureté de rocailles

Ils font les terres qui les font
Les avenirs qui les épargnent
Ô les filaos les grandissent
Sur les crêtes du souvenir

Mulets serpents et mangoustes
Font ces hommes violents et doux
Et la lumière les aveugle
La nuit au bord des routes coloniales

Toute parole est une terre
Il est de fouiller son sous-sol
Où un espace meuble est gardé
Brûlant, pour ce que l'arbre dit

C'est là que dorment les tam-tams
Dormant ils rêvent de flambeaux
Leur rêve bruit en marée
Dans le sous-sol des mots mesurés

Leur rêve berce dans vos yeux
Des paniques des maelströms
Plus agités que la brousse profonde
Lorsque passe le clair disant

Beauté sanguine des golfes
Ô c'est une plaie une plaie
Où danse le ciel, grave et lent
De voir des hommes nus et tels

Et l'île toute enfin repose
Dans le chaud des maturités
Mûr est le silence sur la ville
Mûre l'étoile dans la faim

Ce qui berce dans vos yeux son chant
Est la parure des troupeaux
L'herbe à taureaux pour les misaines
Le dur reflet des sels au sud

Rien ne distrait d'ordre les vies
Les hommes marchent les enfants rient
Voici la terre bâtée, consentante
De courants d'eau, de voilures

Quelle pensée raide parcourt
Les fibres les sèves les muscles
De la douleur a-t-on fait un mot
Un mot nouveau qui multiplie

Celui qui parmi les neiges enfante
Un paysage une ville des soifs
Celui qui range ses tambours ses étoffes
Dans la sablure des paroles

Guettant le saut des Eaux immenses
Le grand éclat des vagues Midi
Plus ardent que la morsure des givres
Plus retenu que votre impatience d'épine

Celui que prolonge l'attente
Et toutes les mains dans sa tête
Et toutes splendeurs dans sa nuit
Pour que la terre s'émerveille

Il accepte le bruit des mots
Plus égal que l'effroi des sources
Plus uni que la chair des plaines
Déchirée ensemencée

Sa clarté est dans l'océan
Dans la patience que traîne
Vers où nul oeil ne se distend
La flore d'îles du Levant

Ce qui berce en vos yeux son chant
Pour atteindre le matin ô connue
Inconnue c'est la chaleur fauve
Du Chaos où l'oeil enfin touche

Île ces requins vos fumures
Le charroi de votre sang l'homme
Et sa colline la femme et les cases
L'avenue dans ces miroirs les Mains

Est-ce oiseau, une racine qui gicle
Est-ce moisson, l'amitié grandie de la terre
La même couleur éclabousse, caresse
La souffrance est de ne pas voir

Beauté de ce peuple d'aimants
Dans la limaille végétale et vous
Je vous cerne comme la mer
Avec ses fumures d'épaves

Beauté des routes multicolores
Dans la savane que rumine
L'autan plein de mots à éclore
Je vous mène à votre seuil

Écoutant ruisseler mes tambours
Attendant l'éclat brusque des lames
L'éveil sur l'eau des danseurs
Et des chiens qui entre les jambes regardent

Dans ce bruit de fraternité
La pierre et son lichen ma parole
Juste mais vive demain pour vous
Telle fureur dans la douceur marine,

Je me fais mer où l'enfant va rêver.

source wikipédia

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Commentaires
P
Nouvelle soirée culturelle pour moi...
Répondre
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